La Villa Belleville

01 nov - 18 nov

Vernissage le 02 Novembre à 18h

Matthieu Boucherit / Thierry Fournier / Danièle Gibrat / Matthieu Lor / Hélène Marcoz / Lisa Sartorio / Rafael Serrano / Michael Wittassek

Matthieu BOUCHERIT Né à Cholet en 1986. Vit et travaille à Paris.
Diplômé en communication visuelle à Nantes et d’un Master en arts plastiques à l’université de Toulouse 2.
Représenté par la Galerie Valérie Delaunay, Paris.
Les Blessures, Série de 252 laptopogrammes, non révélés, fixés sur papier argentique noir et blanc. 2008-2018 (3 cadres de 132×165,5 cm)

Floue, diaphane, la série des laptopogrammes semble incarner une image latente, dont on ne sait si elle est sur le point de disparaître ou d’apparaître. Réalisées par contact avec l’écran de nos ordinateurs (laptop) et fixées par chimie argentique sans être révélées, ces images paraissent littéralement « exposées », comme s’il s’agissait de toucher par la pensée.  Débutée en 2008, cette série manifeste un trouble entre l’archive et le souvenir brumeux, elle affirme la volonté d’agir sur les images à défaut de pouvoir agir sur le monde. C’est pourquoi, à bien considérer ces dernières, quelque chose résiste. Le vide qui les traverse incarne une violence plus palpable que ce qu’elles dissimulent. Plutôt que d’ajouter des images aux images, Matthieu Boucherit s’obstine, dans une sorte de compulsion de répétition, à inverser les pratiques de retouche de propagande, afin d’en atténuer ses effets. S’il en soustrait le contenu ce sera donc pour mieux le révéler ou en affirmer le déni. Les cicatrices se referment, les impacts de balles disparaissent, les corps et les traces de sang au sol s’éclipsent. Seule l’image, en tant que support de mémoire, subit la violence de l’écran par insolation.  Pour Matthieu Boucherit il ne s’agit pas de rendre visible mais de rendre sensible la démesure qui fait monde.

matthieuboucherit.com

Thierry FOURNIER Né à Oullins en 1960. Vit et travaille à Aubervilliers.
Diplômé de l’École nationale supérieure d’Architecture de Lyon.
Non-lieu, série de trois impressions numériques, papier fine art sur dibond, 3 ex + 1 e.a.

Non-lieu est une série de photographies de bombardements trouvées sur le web, dans lesquelles la partie qui permettrait de voir et de situer l’action est remplacée par le motif de fond d’écran en damiers de Photoshop. La collision entre cette surface et ces images tronquées témoigne d’une distance irréductible vis-à-vis du réel. Le terme de « non-lieu » désigne l’abandon d’une procédure judiciaire, du fait de l’impossibilité de poursuites. Ici, le regard rejoint en quelque sorte la condition des opérateurs de drones qui ont produit ces frappes, questionnant ce qu’une technologie permet aussi de ne pas voir.

www.thierryfournier.net

Danièle GIBRAT Née à Suresnes en 1957. Vit et travaille à Paris.
Horitzò : les racines. Pièce au sol: photographie sur pvc, photographie sur papier, bois 134cmx164cm / Pièce au mur : calque polyester, stylo-bille, pinces64cmx63cm.

Horitzó est le nom catalan pour « horizon ». C’est le titre d’une série commencée en 2016 et qui évoque un lieu précis, un mas, retrouvé grâce à Googlemaps. Il s’agit d’un endroit où « quelque chose s’est passé », longtemps tu. Depuis mon enfance, ce silence a sûrement inscrit dans mon esprit une forme de confusion, mais surtout il m’a fait prendre le parti du regard. Sans insister sur la part biographique (ma « part d’ombre » comme Ellroy a nommée la sienne), anecdotique,  j’ai voulu traiter, pour une fois frontalement, du thème du secret et de sa révélation. Même quand je ne me le formulais pas clairement, tout ce que j’ai fait a été hanté par ce thème, sans toutefois s’y borner. Ce que la série tend à montrer, simplement, c’est ce que le regard vise, ce qui se trouve au-delà. J’ai voulu deviner ce qu’on voit (voyait?) du seuil de la maison quand on lui tourne le dos et qu’on s’en détache: un paysage, que je n’ai jamais vu « en vrai », des montagnes, qui ressemblent à des plis…

danielegibrat.com

Matthieu LOR Né à Paris en 1990, vit et travaille à Paris.
Diplômé de l’école des Beaux Arts de Nantes d’un DNSEP.
Le huitième continent, papier, encre à gratter,  triptyque 80x120cm.

Sur Terre, les ressources se raréfient. Certains réfléchissent alors à l’exploitation de ce qu’ils considèrent comme le huitième continent : la Lune.
Sur ce satellite sans atmosphère, ou chaque action a un impact irréversible, que vont devenir ces paysages lunaires ?
Ces images imprimées avec une encre à gratter, placent le spectateur face à un dilemme : faut-il gratter cette surface, ce paysage sélène, ou faut-il le laisser intact pour préserver l’œuvre ?
Ce procédé qui renvoie au jeux d’argents, permet de faire un parallèle avec notre réalité. Seulement ici, on gratte le paysage, et sous l’encre, il n’y a rien à gagner.
Ce projet induit une réflexion sur nos paysages terrestres et leurs fragilités, en invoquant un sujet plus lointain, celui de la Lune, un lieu fantasmé et encore intouchable.

www.matthieulor.com

Hélène MARCOZ Née en 1974 à Vincennes. Vit et travaille à Lille.
Diplômée en 1999 de l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Bourges.

Concrete jungle, tirages contrecollés sur sur dibond, 90 x 90 cm.

Plusieurs images surimprimées sur un même négatif argentique enregistrent le déplacement des ombres dans des espaces architecturaux déshumanisés. A la question des dégradés de gris s’ajoute le désir de réinterpréter le clair-obscur et de jouer, au niveau de la composition, avec des motifs géométriques simples, doublés de leurs ombres portées.
Ces architectures statiques, à la fois sujets et supports de leur propre représentation ne produisent naturellement qu’une seule ombre à la lumière du soleil. Mais ici, sous l’effet de la rotation de la Terre et du processus d’enregistrement photographique, une forme de tension s’établit entre le sujet architectural fixe, presque immuable et la surimpression de cette ombre qui se démultiplie et devient dynamique voire cinétique.

www.helenemarcoz.fr

Lisa SARTORIO Née en Tunisie en 1970. Vit et travaille à Paris.
Formée à la sculpture à l’École des Beaux-Arts de Paris et à l’Institut des Hautes Etudes en Arts Plastiques.
Représentée par la Galerie Binome, Paris.
Série Ici ou ailleurs, tirage jet d’encre pigmentaire sur papier Awagami Murakumo kozo, encadrées 43,5 x 43,5 cm, image 30 x 30 cm.

Partant du constat critique à l’égard d’images désincarnées et lissées par la diffusion médiatique, Lisa Sartorio s’empare de photographies de villes ravagées par les bombardements, qu’elle imprime sur papier Awagami kozo. Elle vient ensuite en travailler manuellement la surface par gommage, plissement ou encore effritement. En altérant ces photographies de lieux, dont elle ne conserve que le nom du conflit en sous-titre, elle amène le regardeur à l’épiderme de l’image. En la modelant de ses doigts, elle convoque dès lors de nouveaux signes. Elle charge le papier d’une expérience, lorsque dans sa planéité, la photographie ne suffisait plus à évoquer l’histoire d’un moment tragique. De ces histoires fugaces, dont les traces s’estompent de nos mémoires Lisa Sartorio propose d’en restituer une forme matériellement sensible et impactée. La série Ici ou ailleurs redouble dès lors l’effondrement de la représentation des conflits contemporains par la photographie médiatique. Elle restaure notre considération de l’autre et du vivant, en interrogeant par le sens du toucher, la distance prise avec ces images.

sartorio-lisa.fr

Rafael SERRANO Né à Caracas en 1977. Vit et travaille à Paris.
Diplôme du Master en photographie et art contemporain de l’Université Paris 8.
Représenté par la Galerie ABRA, Caracas, Venezuela.
Objets photographiques détendus, toile Canvas,  90 x 60 x 20 cm.

Invitation à concevoir l´image photographique non pas comme une surface plate et bidimensionnelle, mais comme un volume qui questionne certains éléments du système de représentation perspectiviste. Notamment une attention particulière est portée au support physique de l’image. Ce travail cherche mélanger les champs de la sculpture et de la photographie.
La conséquence directe de cette forme photographique qui ne se veut pas exclusivement plate est celle de questionner les possibilités informatives propres au medium photographique et de favoriser un déplacement du réfèrent. Ce sont des images-objets abstraites qui se confrontent à la notion de document. Elles sont plutôt une sorte d’anti-document, un objet opaque, sans contexte et de forme variable. 

www.rafaelserrano.net

Michael WITTASSEK Né à Bergisch (Gladbach, Allemagne) en 1958. Vit et travaille à Bergisch Gladbach.
Mélanographie, 11 photographies n/b, 181 x 112 cm chacune, câble d‘acier, dimension totale 300 cm, ø 150 cm.

L’installation Mélanographie se présente comme une imposante sculpture noire, composée de plusieurs tirages grand format entremêlés, qui viendra occuper l’espace, comme un obstacle à contourner. Il s’agit d’images qui auraient perdu leur référence à une réalité reconnaissable et qui nous montrent alors les choses d’un point de vue déconcertant. Un courant-d’air généré par le visiteur qui passe dans ce lieu mettra en mouvement le papier photographique. Contrairement à son apparence pesante l’œuvre manifeste alors sa légèreté.

www.michaelwittassek.de

 

Horaires
Du mercredi au dimanche 
de 14h à 19h

Adresse
LA VILLA BELLEVILLE,
23 Rue Ramponeau, 75020 Paris

https://www.villabelleville.org/

Métro : Belleville
E-mail : elodielombarde@villabelleville.org