Grégory Chatonsky

Né en 1971 à Paris. Vit et travaille à Paris et Montréal.

 

Les réseaux récursifs de neurones, habituellement désignés comme IA, permettent de faire muter les médias. A partir d’immenses bases de données accumulées sur le Web, il est possible de produire des images ressemblantes : on fournit à un réseau de neurones des milliers d’images d’oiseaux et de nouvelles images apparaissent que nous reconnaissons comme des oiseaux même si ceux-ci n’existent pas.

Ce sont des médias de médias qui constituent une véritable rupture dans l’histoire de la production du réalisme. MUE nous convie à la métamorphose permanente des images prises dans le flux permanent d’une mutation. Un monde alternatif devient visible qui ressemble à celui que nous connaissons mais qui en diffère, comme la possibilité d’un embranchement inexploré. Ce sont des images réalistes mais qui ne sont plus réelles. Elles ne sont plus fondées sur la capture de la lumière (le photoréalisme) mais sur la synthèse des mémoires capturées dans les filets des données massives du réseau.

Que devient l’image quand celle-ci est prise dans une série infinie ? Quelle est sa forme lorsqu’elle n’est que la forme de son change ? Dans quelle époque du réalisme entrons-nous lorsque nous reconnaissons comme réalistes des images qui ne proviennent pas de la capture de la réalité mais de l’hypermnésie du réseau ?