Galerie Nocte

10 nov - 09 déc

Vernissage le 10 Novembre de 18h à 01h

Tomás Amorim / Alain Delorme / Anna Katharina Scheidegger /
Mozziconaci Robert-Teyssier / Laure Winants

Tomás Amorim
Né en 1990 à Rio de Janeiro.
Vit et travaille à paris.

Monticolæ est un projet-recherche en cours, initié en 2021 sur la base de différentes expérimentations plastiques/photographiques dont l’objectif primordial est de redonner du volume à l’image photographique. En effet l’image capturée par l’outil photographique est fréquemment représentée sur une surface plate comme la projection ou le papier, or ici c’est justement l’existence d’un relief qui forme l’image. Je souhaite avec cette recherche déployer l’image au-delà de sa planéité habituelle, la travailler en tant que matériau en soi; la sculpter, la plier, l’inciser.
Le travail évoque des paysages naturels, des minéraux, mais également des portions de corps, des muscles contractés; des formes figées dans une plaque de béton qui témoignent à la fois d’un geste manuel de confection et du passage éclair d’une onde lumineuse, c’est le point de rencontre entre le façonnage long de la sculpture et l’instantanéité de l’image photographique. Les photographies et les sculptures témoignent de ma volonté de créer une œuvre photographique qui interroge les sensations et les perspectives et qui crée un désordre visuel entre le plat et le volume, entre deux disciplines de l’art qui sont opposées par principe.

Par froissement d’une feuille de papier j’obtiens donc ces surfaces légèrement accidentées et ondulées, moulées dans le plâtre ou dans le ciment, avec des zones creuses qui au contact d’une source de lumière rasante génèrent des ombres portées sur la surface elle-même. Enduit d’une émulsion photosensible la plaque devient à la fois support et médium photographique, capable d’enregistrer les formes qui prennent la lumière. Je m’inspire pour mes pliages notamment des formes géographiques de toutes sortes de paysages naturels – vallonnés, volcaniques, insulaires, plaines et vallées. A ces reliefs et aux montagnes qu’elles nous inspirent, font référence ceux qui les habitent et que l’on désignait, en latin, monticolæ.

https://tomas-amorim.com/

Alain Delorme
Né en 1979 à Versailles.
Vit et travaille à Paris.

Le projet Citadelles est une réflexion sur la relation de l’homme à son environnement. Le sable est omniprésent dans nos sociétés modernes. Ressource naturelle non renouvelable, elle est la plus exploitée au monde après l’eau.

Citadelles fait référence à la place forte, à la dernière ligne de défense des fortifications avant la chute de la place. Dans cette série, la menace est la montée des eaux, résultante du réchauffement climatique mais aussi la problématique du sable comme épuisement des ressources.

Ce projet est réalisé sur le littoral français au rythme des marées. Je dispose de deux heures pour créer chaque sculpture de sable avant que les flots ne l’emportent.

Il s’agit d’une co-création éphémère avec la nature, d’une création comme urgence vaine face aux changements du monde. La citadelle paraît massive autant que vulnérable, imposante et instable face au mouvement inexorable de l’océan, fragile comme l’équilibre planétaire.

www.alaindelorme.com

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Anna Katharina Scheidegger
Né.e en 1976 à Sumiswald (CH).
Vit et travaille à Paris et Berne (CH).

Cette série se penche sur la disparition du plancton luminescent. Le plancton marin est un des principaux supports de l’existence de notre propre espèce. Il constitue non seulement la base de la chaîne alimentaire marine, mais il capture aussi une part importante du dioxyde de carbone atmosphérique et émettent de l’oxygène par photosynthèse. Ces microorganismes recouvrent seulement 1% de la masse végétale totale de la planète, mais produisent plus que la moitié de tout l’oxygène que nous respirons. Ce poumon de la planète est en danger. Depuis les années 1950, les populations de phytoplancton ont diminué de 40%.
Le travail FRAGILE WARNING LIGHTS, est une recherche en photographie sur les spécificités du phytoplancton dotés de bioluminescence (notamment les Dinophytes (Dinophyta), encore appelées Dinoflagellés). La bioluminescence est l’émission de lumière par des organismes vivants suite à une réaction chimique qui convertit l’énergie chimique en lumière visible. L’émission de ces flashs lumineux est due à une sorte d’accès de stress, généralement lié au remous des vagues.
La technique du photogramme consiste à poser un objet sur une surface photosensible. Après l’exposition, l’objet reste visible sous la forme d’une trace lumineuse. En posant du plancton bioluminescent sur un plan film, celui-ci est exposé uniquement par l’émission de lumière du plancton. Le fait que la lumière vient de l’objet et non d’une source extérieure nous montre le photogramme le plus radical que possible.
L’instantané des flashs de lumineux et l’agitation du plancton, sont ainsi fixés dans une image et capte les dégradés et crée visuellement une profondeur. L’installation de ces images dans des caissons lumineux donne une dimension et une puissance supplémentaires à ces Dinophytes difficilement perceptibles à l’œil nus. Les formats ainsi agencés évoquent l’immensément grand des galaxies.

http://www.annakatharina.org

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Mozziconaci Robert-Teyssier
Nés en 1991 et 1993 à Toulouse et Uzès.
Vivent et travaillent à Paris.

Comme un œil, le lac garde en réserve ce qu’on ne voit plus : il y a un regard à déployer. C’est ce que nous tâchons de faire dans État des lieux: History is straight dont les fragments poursuivent une relecture queer du lac de Naussac.
Le plan d’eau et son barrage se sont trouvés associés aux luttes des années 70 dans le sillage du Larzac, dans cet élan qui cherchait à faire avancer ensemble écologie, résistance, désir face aux forces de destruction (capitalisme, patriarcat). En plus de bouleverser le paysage, cette construction témoigne du devenir des « moins bonnes terres » au 20ème siècle : intégration forcée des petits paysans dans une agriculture globalisée et fin des utopies. Notre série (ré)ouvre ce chantier et matérialise la première étape d’un travail de terrain au long cours : arpentage, entrelacement des temps et juxtaposition des genres (documentaire, archive, fiction).

Cette série cherche à multiplier les preuves, agencer des éclats désirants pour dresser une cartographie radicale du paysage de Naussac : comme autant d’ouvertures possibles sur des récits passés, présents, futurs.

https://www.instagram.com/mozziconacci_robert_teyssier

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Laure Winants
Née en 1991 à Spa.
Vit et travaille à Bruxelles.
Représentée par la Fisheye Gallery, Paris

En avril et mai 2023, le collectif composé de Patrick Blenkarn (Canada) et moi-même partirons en Arctique. La première partie du voyage sera une résidence à bord d’un brise-glace avec Arctic Circle, suivie d’une résidence d’un mois au Spitsbergen Artist Center. For Words From a Tongue We are Losing — Je propose de développer une expérience numérique interactive qui s’efforce de donner une voix et une grammaire à une « langue » mourante, la langue glaciaire du glacier arctique. Le terme scientifique « langue glaciaire » transforme la glacier en un organe, anthropomorphisant notre compréhension et notre relation à la glace. Tout comme la langue d’un humain est un récepteur, la glace à la surface d’une « langue de glacier » absorbe les composants chimiques : la poussière poudreuse d’une combinaison de petites particules de roches, de suie et de microbes se dépose sur les couches de glace, assombrit sa couleur, réduire la réflectivité de la glace. Cela absorbe le rayonnement solaire et accélère le processus de fonte de la neige et de la glace. Ça a le goût de la transformation de la Terre. Il contient des histoires qui ne peuvent être traduites que d’une langue ancienne. Et en tant que telle, la langue glaciaire indique également un état critique. Les « langues » des glaciers, cependant, perdent leur capacité à communiquer les histoires dont ils ont été témoins au moment même où nous commençons à les lire. Bientôt aucun de nous ne pourra parler ou lire ces langues maternelles. Pour cette série je souhaite redonner leur voix en créant des œuvres mêlant représentation faite par capteurs et photographie expérimentale à partir de matériaux collectés sur place.

 

Horaires
Du mercredi au samedi
de 15h00 à 01h00

Adresse
GALERIE NOCTE,

7 Rue d’Aix, 75010 Paris

Galerie-Nocte

Métro : Goncourt
Tel : 06 11 02 75 07
E-mail : galerienocte@gmail.com