Luz Blanco / Emilio Chiofalo / Lenka Glisnikova / Thomas Jorion /
Silvana Reggiardo
Luz Blanco
Née en 1973 à Saint-cloud.
Vit et travaille à Nogent-sur-Marne.
Représentée par la Galerie Sanatorium, Istanbul.
Conçue comme une partition visuelle, composée de drapeaux de soie affichant un sample d’images retouchées numériquement imprimées en recto-verso, cette installation est proposée pour la Biennale de l’Image Tangible dans une version amplifiée par la présence de mots et de fragments de ponctuations appliqués au mur.
Ces éléments textuels sont issus des code source alpha-numériques définissant ces propres images. Ainsi, la matérialité visuelle de l’image dialogue avec l’immatérialité du code source qui la constitue, à moins que ce ne soit l’inverse…Ces codes numériques, deviennent, dans leur émiettement et fragmentation, une source sémantique poétique, dialoguant avec ces drapeaux de soie, afin d’interroger ce qui détermine l’image aujourd’hui.
L’installation Mantras (terme dont l’étymologie sanskrite signifie « instrument de pensée ») propose un corpus visuel construit à partir de photographies personnelles et collectives retravaillées numériquement par pixellisation. L’image ne se dévoile qu’à une certaine distance, brouillée par son tramage, son recadrage, comme autant de fragments d’une mémoire parcellaire. Ces images, passant par le code puis l’écran numérique, deviennent un élément sensuel et fluide imprimé sur l’écran inframince de la soie. Ce cut-up spatialisé en constellation, s’inscrit dans une redéfinition des spectres mnémoniques hantant l’espace numérique, lequel façonne notre environnement : un monde d’images flottantes puisant dans notre propre matrice mémorielle.
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Emilio Chiofalo
Né en 1985 en Italie.
Vit et travaille à Paris.
J’explore souvent dans ces images la plasticité de la chaleur comme vecteur de déformation de la matière photographique. Ces manipulations matérialisent une vision décalée de la réalité par un geste qui s’approche de la peinture ou de la sculpture. En travaillant avec du feu ou des chimies bouillantes, je transforme des photographies documentaires en des images qui évoquent des ambiances surréelles dotées d’une matérialité organique. Dans d’autres démarches, je produis des dessins automatiques sur des surfaces transparentes que je manipule avec différents outils et puis transforme en photographie par le biais de la technique du photogramme. C’est une manière pour moi de spatialiser des perceptions par une iconographie qui oscille entre la figuration et l’abstraction. Ce travail peut opérer comme une déconstruction de l’usage classique de la photographie, et prendre aussi le contre-pied d’une conception stigmatisante d’un trouble psychique qui devient dans ces images une force créatrice.
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Lenka Glisnikova
Née en 1990 à Vyškov.
Vit et travaille à Prague, Czech Republic.
Dans mon travail, j’explore les effets des nouvelles technologies sur la vie des êtres humains contemporains. Des technologies que je perçois comme une force curatrice de notre façon de travailler, de nous reposer, de penser et d’organiser notre temps libre. Je suis fasciné par la confrontation des rapports (du plus petit comme l’empreinte digitale au plus vaste comme l’internet), des matières (virtuelles et physiques) et des relations ambiguës que nous avons développées avec les objets de plus en plus astucieux qui nous entourent et les frontières qui s’estompent de nombreuses dichotomies autrefois claires telles que le privé et le public, le professionnel et le personnel, le scientifique et l’émotionnel, etc. J’aime voir et aborder la photographie numérique comme un matériau physique organique et l’ordinateur comme un outil créatif « de plus ». J’aime me plonger dans le processus apparemment sans fin de matérialisation et de dématérialisation. Je crée de petites statues à partir de matériaux de faible technicité, imitant l’esthétique que nous avons appris à associer aux produits de haute technologie. Ces sculptures sont ensuite photographiées. Elles sont transformées en images qui servent d’éléments de base pour des collages complexes créés par la répétition, le clonage et l’assemblage numérique en un agrégat où le physique et le virtuel se rencontrent, se fondent et se brouillent. Je puise dans mon expérience de la photographie, mais je ne m’y limite pas. Le plus souvent, j’essaie d’utiliser l’impression grand format, d’expérimenter des matériaux – généralement industriels – et d’hybrider mes photos en les transformant en (et en les appliquant sur) des objets avant de les soumettre à nouveau à la numérisation et à la postproduction numérique. Il s’agit d’une procédure imparfaite et vivante qui révèle les fissures et les défauts qui se cachent à la surface de conceptions et de concepts apparemment parfaits, futuristes et épurés. Ma visualité puise dans l’espace troublant entre la réalité et la fiction, rappelant souvent un enregistrement de sa propre origine et de sa genèse, en lien avec les outils et les systèmes utilisés. Un processus inspiré par les outils de recyclage en ligne – réincarnant les données visuelles, les images, les photographies.
https://www.instagram.com/lenkaglisnikova/
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Thomas Jorion
Né.e en 1976 à Paris.
Vit et travaille à Paris.
Représenté par la galerie Esther Woerdehoff, Paris.
La série des tours miroirs est composée de monolithes de béton sur lesquels sont représentés des fragments de lieux. Le point de départ de ce projet est né de la volonté de reproduire sur une architecture non pas sa propre image mais ce qui lui fait face dans son environnement. Sur les quatre parois sont ainsi restituées les quatre perspectives qui l’entourent.
Cette présence architecturée réelle ou figurée devient alors comme sensible à la lumière. Elle absorbe et s’imprègne de ce qui l’entoure. J’imagine une camera obscura qui serait placée entre l’édifice et le paysage ; l’image se projette sur la façade et s’enregistre sur le béton.
Avec mes monolithes, je créé ainsi une forme qui occupe l’espace et autour de laquelle il est possible de tourner. Le spectateur devient alors acteur en allant chercher lui-même les détails et les points de vues qui l’intéressent. La structure qui se matérialise est le témoin d’un espace condensé ramené à l’échelle du spectateur.
Il se créé un dialogue entre le medium photographique et sa transposition comme volume tangible. L’image prend corps et se développe en épousant la morphologie des matières et des aspérités qu’elle recouvre.
Je réalise moi même ces monolithes avec du béton ou du mortier. J’y intègre des éléments urbains que je récupère sur les lieux que je visite : éléments d’origines minérales ou naturels. Puis, après avoir étudié leurs apparences, j’y applique mes photographies.
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Silvana Reggiardo
Née en 1967 à Rosario (Argentine).
Vit et travaille à Paris.
Représentée par les galeries Mélanie Rio , Nantes / La Ferronnerie, Paris.
Depuis mon domicile, j’aperçois, au loin, l’une des deux tours aux façades vitrées des Mercuriales qui se dresse porte de Bagnolet. J’ai pris pour habitude de la photographier régulièrement, avec un smartphone, entre l’aube et l’aurore depuis la même fenêtre de mon appartement.
Selon les heures de la journée, par le jeu des réflexions du soleil sur les surfaces de verre, les différents plans de la façade semblent s’allumer ou s’éteindre. Les conditions climatiques jouent aussi sur le rendu des couleurs et la forme de l’objet photographié : la brume adoucit les contrastes, les couleurs se diluent dans les demi-teintes, et la silhouette de l’édifice s’estompe. Chaque nouvelle prise de vue offre une expérience singulière de la lumière, et la perception s’aiguise dans la répétition du geste photographique.
Dans l’image, l’édifice occupe la totalité du cadre, le plan serré est obtenu par les opérations successives du zoom et de l’agrandissement. Ces transformations excluent les détails, la forme de l’édifice est ramenée à une simple surface parallélépipédique ; le processus dilate et décompose le grain numérique, la matière photographique perd son homogénéité. Les prises de vues s’accumulent à mon rythme personnel et rejoignent sur Instagram le flux des images. Imprimées sur papier aquarelle, elles se chargent des spécificités du support et s’hybrident d’une dimension picturale.
https://www.silvanareggiardo.com
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Horaires
Du mardi au dimanche
de 11h à 19h
Adresse
FLORÉAL BELLEVILLE,
43, rue des Couronnes, 75020 Paris, France
https://www.instagram.com/floreal.belleville/
Métro : Couronnes
E-mail : floreal.belleville@gmail.com